
Entretien avec François Vuylsteke, Directeur Général de Drafil
Drafil est aujourd’hui un acteur reconnu dans le domaine de l’aménagement de points de vente et des produits filaires dans le monde de la logistique.
Tout a commencé… avec un simple fil de fer ?
François Vuylsteke :
C’est exact. À l’origine, notre entreprise transformait… du fil de fer pour toute sorte d’applications. Ce matériau, aussi discret que présent dans notre quotidien, est devenu notre fil rouge. Les générations qui nous ont précédés, ont transmis de père en fils, cette passion et ce savoir-faire. C’est peu après 1945 que la famille s’est installée dans la “Villa des Roses”, et qui a commencé son atelier de fabrication d’articles ménagers – des objets simples, comme des fouets de cuisine.
Un héritage artisanal devenu industriel ?
Oui, chaque génération a apporté un nouvel élan à l’entreprise, en fabriquant notamment des cages à oiseaux – de nos jours, sur le grand Mouscron, l’usine est encore surnommée « l’entreprise de cages à oiseaux ». Ensuite, sont venus les grilles pour barbecue… et c’est avec la troisième génération, que l’orientation vers le rayonnage et l’aménagement de magasins s’est affirmée. D’abord comme simple sous-traitant pour des enseignes bien connue en Belgique. Aujourd’hui, nous réalisons des aménagements complets de surface de vente, comme ceux de l’enseigne Tom & Co.
Le fil de fer ne vous a jamais quitté…
Non, c’est notre fil rouge. Il reste notre matière de base, notre savoir-faire initial. Mais nous l’avons sublimé, transformé, enrichi – en l’associant à la tôlerie industrielle, le travail du tube, les finitions tel que l’époxy, et depuis quelques années la menuiserie. Nous proposons désormais des solutions techniques et ingénieuses : de l’agencement standardisé aux projets 100% personnalisés. Chaque enseigne a son identité, et nous sommes là pour la transformer en « expérience» pour le consommateur.
Vous évoquez souvent l’agilité comme un mot-clé de votre stratégie. Pourquoi ?
C’est ce qui nous distingue. Nous sommes devenus assez grands pour livrer des projets paneuropéens, mais assez souples pour travailler vite, bien et avec proximité. Cette agilité nous a permis de grandir à l’échelle européenne, tout en gardant notre esprit familial. Drafil continue sa croissance nous sommes aujourd’hui installés sur cinq sites industriels : à Mouscron naturellement, mais aussi dans le Centre de la France (Orléans, Goupil), en Espagne (Barcelone, Metalmalla) et en Roumanie (Cluj, Drafil). Cela nous permet de couvrir efficacement l’Europe et d’être au plus proche de nos clients, ou de les accompagner dans leur croissance.
Justement, parlons de vos dernières acquisitions. Quelle est votre stratégie ?
Les dernières acquisitions ont toujours été motivées par la complémentarité et la zone d’implantation industrielle recherchée. L’intégration de Metalmalla en Espagne, par exemple, nous permet désormais de proposer des techniques pour la logistique et les entrepôts : platelages, grilles antichute, éléments invisibles mais essentiels à leur performance. Une anecdote d’ailleurs dans le cadre de l’acquisition de Metalmalla, nous avons renforcé notre collaboration avec Stow, un voisin géographique avec qui nous avions pourtant peu de contacts auparavant !
Comment se structure aujourd’hui votre stratégie commerciale ?
Le groupe se structure avec un Board, dans lequel nous a rejoint récemment un directeur commercial, pour assurer une meilleure synergie entre nos équipes commerciales, ainsi que nos sites industriels. Chaque entité doit pouvoir profiter de la croissance « européenne » de nos clients, et des compétences propre à chaque usine. Nous venons aussi d’inaugurer un nouveau bâtiment à Mouscron, cofinancé par ING et Wapinvest, et avons investi dans des machines semi-automatisées pour répondre à des cahiers des charges toujours plus exigeants.
Un marché qui évolue constamment, non ?
Très vite, oui. Pour le secteur de l’agencement de magasin, les nouveaux concepts se suivent rapidement. Chaque enseigne est en permanence occupée de remodeler son espace de vente. Dans les enseignes spécialisées (bricolage, animaleries, sport, …), le cycle remplacement des agencements est encore plus rapide. Il faut sans cesse repenser, recycler, adapter.
Quels sont les objectifs pour les années à venir ?
Nous employons aujourd’hui plus de 300 personnes sur nos 5 sites, avec un chiffre d’affaires de plus de 65 millions d’euros. L’ambition ? Faire partie des leaders dans nos deux métiers en Europe. Garder cet esprit de « challenger » qui nous correspond bien. Et rester attentif aux belles opportunités qui se présentent actuellement sur le marché. Notre génération portera DRAFIL jusqu’aux frontières de l’Europe, avec quelques beaux projets industriels (à venir).
Le mot de la fin ?
Ne pas perdre de vue d’où l’on vient. Garder cet ancrage industriel, nous restons des transformateurs de fil avant tout, mais avec une ambition forte et européenne. Les quatre générations ont bâti une entreprise reconnue et bien positionnée. Nous comptons bien garder cette position… tout en continuant à évoluer avec sincérité, technicité, curiosité, et passion.