Entretien avec Jean De Grande, Jean-Marc De Grande et Françoise De Plancke
De Zedelgem à Mouscron, Deligout s’est imposé comme le spécialiste belge de la gaufre de Bruxelles. Trente-cinq années marquées par une croissance maîtrisée, un savoir-faire inchangé et des investissements industriels massifs. Pour comprendre cette success-story familiale, nous avons rencontré Jean De Grande, fondateur, Jean-Marc De Grande & Françoise De Plancke, aujourd’hui à la tête de l’entreprise, et qui incarnent la 2ème génération.
« Tout a commencé pour Jean De Grande avec un gaufrier et une recette familiale »
En 1987, je me suis lancé seul à Zedelgem. Une simple recette transmise par ma sœur, un gaufrier à la main et un garage comme atelier. Rapidement, mes gaufres se sont fait connaître dans la région de Bruges : les clients disaient qu’elles étaient parmi les meilleures. L’Horeca a suivi, la demande a grandi, et j’ai dû investir : cinq gaufriers, puis dix…
En 1989, j’ai construit ma première petite usine avec un four industriel, un investissement énorme à l’époque : 1,5 million de francs belges.
L’entrée en scène de Jean-Marc : de la production aux études
J’ai toujours grandi dans l’entreprise : dès six ans, je passais mon temps dans l’atelier. Pendant mes études de marketing à Gand, l’idée de vendre la société circulait. C’est là que j’ai dit à mon père que je voulais reprendre. En arrivant à Mouscron en 2014, notre chef de production ne souhaitait pas faire le trajet. J’ai donc repris ses fonctions, tout en terminant mes études : travail à 4h du matin, cours à 14h. Une immersion totale !
La production a démarré sur le nouveau site en avril 2015, avec 5,8 millions d’euro investis pour un nouveau bâtiment industriel conçu pour accueillir deux lignes de production, dont une a été installée immédiatement, en attendant la croissance nécessaire pour construire la seconde. Cet investissement comprend également un congélateur d’une capacité d’environ 500 emplacements palettes.
Quels développements industriels ont suivi l’installation à Mouscron ?
Les dix dernières années ont été marquées par près de 10 millions d’euros d’investissements. Nous avons installé une deuxième ligne juste pendant le Covid et agrandi notre congélateur jusqu’à 2.000 emplacements palettes.
Nous avons aussi acquis le terrain voisin, ce qui porte notre superficie totale à 1,18 hectares. De quoi installer jusqu’à quatre lignes supplémentaires si la croissance l’exige.
L’été dernier, nous avons modernisé toute la ligne d’emballage pour répondre aux besoins des supermarchés. Notre croissance annuelle est stable, autour de +15 %, sans précipitation.
Votre gamme reste très traditionnelle. Comment s’adapte t-elle aux nouvelles attentes ?
Nous restons fidèles à la gaufre de Bruxelles, mais nous avons adapté nos recettes pour certains clients : moins gras, moins sucré, moins salé, parfois un NutriscoreB.
Notre marque Deligout existe toujours, mais nous sommes surtout experts en private label, ce qui représente une grande partie des volumes actuels.
« Henri de Bruxelles », la marque maison
Nous voulions incarner la Belgian Touch tout en gardant un ancrage familial fort. Notre marque Henri de Bruxelles rend hommage au grand-père de Françoise et valorise l’excellence belge en pâtisserie. Elle vient compléter notre activité en marques de distributeurs, tout en renforçant notre identité.
Distribution : du tea-room aux États-Unis
Historiquement, nous avons démarré avec les grossistes Horeca, puis les parcs d’attraction. Depuis six ans, nous sommes présents en grande distribution, où nous sommes leaders en Belgique sur la gaufre de Bruxelles.
Nos principaux marchés sont la Belgique et la France, mais nous exportons même dans des pays plus lointains comme les États-Unis, Singapour ou encore la Polynésie Française.
Vous êtes une PME très automatisée, mais avec une forte identité familiale. Comment conciliez-vous les deux ?
Notre force, ce sont les personnes. Nous sommes une petite équipe d’une dizaine de collaborateurs fidèles. Après cinq ans d’ancienneté, chacun reçoit une voiture électrique : c’est notre façon de remercier, et de garder un turnover très faible. Nos valeurs sont claires : la qualité, qui constitue notre pilier depuis 1987 ; le service, avec une expédition dès le lendemain pour toute commande en Belgique ou en France ; la flexibilité, rendue possible par un interlocuteur direct plutôt que plusieurs niveaux hiérarchiques ; et enfin, l’efficacité, que nous devons à une automatisation particulièrement avancée. Nous sommes certifiés IFS au plus haut niveau depuis 10 ans, avec des audits non annoncés. C’est un vrai gage de sérieux.
En quoi Mouscron est-elle une force pour Deligout ?
Nous sommes proches des grands ports : Le Havre, Zeebrugge… Parfait pour expédier rapidement à l’international. Et l’Eurométropole offre un bassin d’emploi riche, ce qui nous aide à recruter. De la recette transmise par une sœur à Bruges jusqu’à l’automatisation d’une large partie de la production, Deligout a su conserver son âme tout en se dotant d’une puissance industrielle rare dans le secteur. Avec des investissements réguliers, une vision long terme et une forte cohésion familiale, l’entreprise de Mouscron est aujourd’hui prête pour de nouveaux marchés… et peut-être bientôt pour de nouvelles lignes de production.
