Entretien avec Martin De Grom, ManagingDirector de Technoform North-West

En à peine trois ans, Technoform s’est imposée comme une référence dans la production de solutions plastiques extrudées en Wallonie picarde. À la tête du site de Blandain, Martin De Grom incarne une vision moderne du management : libérer les énergies, responsabiliser chacun et replacer l’humain au cœur du processus industriel. Rencontre avec un dirigeant atypique, passionné de musique et d’entrepreneuriat.
Martin, pouvez-vous nous présenter Technoform et votre implantation à Blandain ?
Martin De Grom : Technoform est une entreprise familiale allemande fondée en 1969, spécialisée dans l’extrusion de plastiques techniques. Depuis ses débuts, la philosophie de la maison repose sur une conviction simple : pour mettre le client au centre, il faut d’abord construire une culture d’entreprise forte, fondée sur la liberté entrepreneuriale et la responsabilisation.
Le site de Blandain, que je dirige, fait partie de la zone Technoform North West, couvrant le Benelux et la France. Nous sommes aujourd’hui 51 collaborateurs, et nous avons bâti tout cela en à peine trois ans. Entre février et septembre 2025, nous avons doublé notre production : après une phase transitoire sur un site provisoire à Ghislenghien, nous avons emménagé à Blandain en mai, où l’usine est désormais pleinement opérationnelle et labelisée ISO 9001.
Comment avez-vous réussi à mettre en place ce modèle d’organisation si particulier ?
Nous nous inspirons du modèle enseigné à l’université de St Gallen, en Suisse, qui place le processus et le produit avant la hiérarchie. Chez nous, il n’y a pas de
pyramide de décision classique. Le focus est sur le process : si le produit doit être extrudé, nous mettons en place les machines, les silos, les outils et les personnes nécessaires. Les décisions se prennent au plus près du terrain, par ceux qui exécutent. La voix d’un ouvrier compte autant que celle d’un responsable financier. Cette approche nous rend plus agiles, plus réactifs et surtout plus proches de nos clients.
Quel lien entretenez-vous avec le siège ?
Aucune directive descendante ne nous est imposée par la maison mère.
La direction du groupe Technoform nous accorde une véritable liberté entrepreneuriale. Nous transcrivons les piliers de la culture d’entreprise Technoform dans notre propre culture locale, et nous adaptons nos méthodes pour répondre aux attentes du marché régional, tout en respectant pleinement l’esprit de la philosophie du groupe. Cela nous permet de décider rapidement, de nous adapter et de rester proches de nos clients et partenaires régionaux.
Notre ambition ? Développer encore davantage nos process pour répondre à des besoins clients auxquels nous ne pouvons pas encore répondre aujourd’hui.

Quelle est la philosophie de travail chez Technoform ?
Nous offrons une grande liberté, mais cela vient avec une responsabilité personnelle forte. Ici, personne ne tient la main de personne. Chacun doit être acteur de son rôle et développer ses propres tâches. « Tout le monde est bienvenu, mais Technoform n’est pas pour tout le monde »
Lorsqu’un nouveau collaborateur rejoint l’équipe, il bénéficie d’un programme d’intégration structuré sur six mois. Ce parcours permet de vérifier, dans un esprit ouvert et constructif, si la philosophie Technoform lui correspond. En cas de difficulté, nous en discutons ensemble pour trouver des solutions adaptées. Ce qui compte, c’est la compréhension mutuelle, la transparence, et l’équilibre entre autonomie, implication et responsabilité — un équilibre indispensable à notre modèle de fonctionnement.
Votre parcours est pour le moins atypique…
(sourire) C’est vrai ! J’ai commencé comme DJ professionnel à 17 ans, j’ai mixé pour TMF, Illusion, City Parade… Mais mes parents tenaient à ce que je poursuive des études et obtienne un diplôme, alors j’ai combiné les deux. Mon premier emploi fut chez Electrabel, dans le centre de compétences des turbines à vapeur.
Aujourd’hui, ma passion refait surface à travers un projet baptisé Beats on Sunday : des événements de networking dominicaux où dirigeants, entrepreneurs et passionnés se retrouvent pour échanger, danser et partager. L’idée ? Relier le monde ‘corporate’ et le monde du loisir, dans une ambiance conviviale et inspirante. Avec Beats On Sunday, j’ai aussi voulu créer le type de soirée auquel j’ai envie de participer.
Comme avec Technoform, j’ai voulu imaginer une expérience qui me ressemble. Car si l’entreprise idéale n’existe pas, alors créons-la.
Quelle importance accordez vous à l’ancrage local ?
C’est fondamental. Nous sommes installés à Tournai Ouest 3, et notre volonté est claire : collaborer avec les entreprises locales, créer de la valeur ici, avec des gens d’ici. Nous voulons être perçus comme un acteur durable, pas de passage. Nous travaillons avec des partenaires régionaux – traiteurs, fournisseurs, prestataires – et nous réfléchissons même à des solutions pour faciliter la vie de nos collaborateurs, comme des partenariats avec des crèches locales.
Si vous regardez en arrière… et vers l’avenir ?
En trois ans, nous avons construit de zéro un site de production performant, agile & orienté process avec une équipe soudée et une culture d’entreprise unique. Imaginez ce que nous pourrions réaliser en dix ou vingt ans !
Nous avançons étape par étape, sans pression démesurée. Ce que nous pouvons faire aujourd’hui, nous le faisons aujourd’hui. C’est ce pragmatisme qui fait notre force.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui se lance ?
Fixez-vous des objectifs concrets et atteignables. Le piège, c’est de viser trop haut dès le départ et de ne jamais oser se lancer. Allez-y étape par étape, avec l’envie de faire de votre mieux, chaque jour.
Un coup de cœur ?
Un coup de gueule ?
Dans un monde où tout devient de plus en plus complexe, surréglementé, où l’inaction s’installe et où les extrémismes gagnent du terrain, ce sont peut-être les entreprises qui doivent désormais endosser le rôle de moteur du changement et montrer l’exemple pour inspirer et motiver leurs collaborateurs. Le monde politique, lui, ne nous montre plus vraiment comment avancer ensemble ni comment bâtir une société fondée sur la collaboration et le dialogue. Pourtant, nous, dans les entreprises, nous savons qu’il est possible de travailler main dans la main, quelles que soient nos cultures ou nos différences. Les politiques semblent avoir oublié cette évidence : se comprendre, échanger et agir pour le bien commun. Plus que jamais, il est essentiel que les entreprises se positionnent comme le véritable moteur du bon sens.



