AKT for Wallonia a présenté ce mercredi matin à Namur les résultats de sa dernière enquête conjoncturelle, enrichie pour la première fois grâce à la collaboration du réseau des Chambres de Commerce et d’Industrie.
Il ressort que les entrepreneurs wallons continuent de faire preuve de résilience, malgré un contexte international toujours incertain. « Ils anticipent, s’adaptent, investissent » constate Frédéric Panier, CEO d’AKT for Wallonia. « Cette capacité d’adaptation permet à l’économie wallonne de rester globalement stable. Mais derrière cette solidité apparente, des signaux inquiétants émergent dans certains secteurs industriels essentiels pour la Wallonie. Il n’est pas question de tenir un discours alarmiste mais d’anticiper et d’agir sans perdre de temps. »
Et Frédéric Panier d’appeler à la poursuite et à l’accélération des réformes développées par le gouvernement wallon. « Des premiers signaux prudemment positifs sur l’emploi se font sentir. Le premier grand défi est de réussir la mise en œuvre des réformes sur l’emploi en s’appuyant sur l’accompagnement du Forem et des CPAS. »
AKT for Wallonia encourage aussi les décideurs politiques à agir au plus vite sur la simplification administrative, les permis et l’énergie, trois grands sujets de préoccupation des entreprises qui ressortent de l‘enquête conjoncturelle aux côtés des traditionnels coût du travail et pénurie de main d’œuvre qualifiée.
« Il y a aujourd’hui des milliers de places de formations au terme desquelles les taux d’insertion sont élevés. J’invite les demandeurs d’emploi à s’inscrire rapidement ! »
L’enquête montre que les perspectives d’embauche en Wallonie restent positives, même si la demande de main-d’œuvre est un peu moins forte que l’an dernier. Notons que le taux d’emploi a progressé, passant de 66,3% fin 2024 à 68,4% au deuxième trimestre 2025.
Un exemple concret
L’hôte du jour, l’entreprise namuroise Coexpair, n’a pas manqué d’illustrer cet appel aux travailleurs. « La main d’œuvre qualifié en Wallonie manque pour mettre en œuvre les beaux contrats que nous décrochons » a ainsi affirmé Antoine Vierset, co-CEO avec Bertrand Vaneghem. « Nous avons un réseau de plus de 30 sous-traitants locaux disposant d’un savoir-faire qu’il convient de conserver. »
Coexpair et Coexpair Dynamics, fondées par André Bertin, imaginent, conçoivent, construisent et installent des lignes de production automatisées de structures aéronautiques en matériaux composites. Les 44 collaborateurs travaillent principalement pour le secteur aéronautique, avec des références comme Airbus et Boeing.
A l’instar des autres entreprises wallonnes, Coexpair doit faire face à un contexte international qui reste globalement peu favorable. Néanmoins, l’enquête montre que face à l’augmentation des droits de douane américains et aux incertitudes géopolitiques, les entreprises ont réagi : diversification des marchés, adaptation des produits, relocalisation partielle de la production pour certains. Les tendances protectionnistes continuent cependant d’impacter négativement les perspectives de croissance à l’international pour les entreprises wallonnes.
« Dans ce contexte » relève Olivier Pauwels, économiste d’AKT for Wallonia. « l’activité économique en Wallonie pourra cependant compter sur des prévisions d’investissement toujours positives. Et une consommation intérieure solide. »
L’indice de confiance des consommateurs s’améliore. « Cette tendance indique une certaine confiance des consommateurs wallons dans leur ensemble à voir se renforcer dans les prochains mois leur capacité à trouver ou conserver un emploi. Ceci tranche donc avec les échos alarmistes sur les conséquences des réformes du marché du travail. »
La croissance prévue pour 2026, bien que modeste (+1,2%), devrait être très légèrement supérieure à celle attendue en zone euro (+1,1%), impactée par les difficultés de ses grandes économies.
Certains secteurs industriels en difficulté
Cette stabilité globale ne doit pas faire oublier une réalité plus préoccupante. Certains secteurs industriels structurants pour la Wallonie, comme la chimie ou la pharmacie, montrent des signes de difficulté.
Si ces signaux ne sont pas pris en compte, l’impact potentiel pour l’ensemble du tissu industriel wallon pourrait être important. « Certains leviers » rappelle Frédéric Panier, « existent et peuvent être activés rapidement au niveau régional : simplification des procédures (plus d’un entrepreneur sur cinq juge que les délais d’obtention de permis comme étant un facteur majeur impactant leur compétitivité) ou soutien du cadre règlementaire et administratif. »
Dans un contexte mondial particulièrement compliqué, la résilience des entreprises wallonnes se confirme. Mais pour que cette dynamique tienne, il faut agir maintenant : soutenir les secteurs industriels clés, et renforcer la mobilisation autour de l’emploi. Au cours des 3 dernières années, l’activité en Wallonie a été globalement stable. Les perspectives pour 2026 sont légèrement plus positives mais restent toutefois limitée au regard des niveaux d’avant-crise. Bien que limitées, les perspectives d’activité en Wallonie restent toutefois légèrement plus élevées qu’en Europe.

