À l’occasion de la 7e édition du Parlement européen des entreprises – Session « Assurer l’avenir de l’Europe : l’accessibilité des marchés pour la croissance et l’investissement »

Le 4 novembre 2025, près d’un millier de chefs d’entreprise européens se sont réunis dans l’hémicycle du Parlement européen à Bruxelles pour une journée d’échanges dédiée aux défis économiques majeurs de l’Union. Au cœur des discussions : le marché unique, considéré plus que jamais comme un levier stratégique pour restaurer la compétitivité, favoriser la croissance et soutenir l’investissement au sein de l’UE.
Cette édition du Parlement européen des entreprises (PEE) a mis en lumière une réalité largement partagée : si le marché unique demeure l’un des accomplissements les plus puissants de l’intégration européenne, son efficacité se trouve désormais fragilisée par une fragmentation croissante, des obstacles réglementaires persistants et des disparités qui limitent les ambitions des entreprises, en particulier des PME.
Un potentiel sous-exploité au cœur de l’économie européenne
La session consacrée à l’accessibilité des marchés a rappelé que le marché unique représente l’une des principales sources de croissance de l’UE. Pourtant, selon les participants, son potentiel reste largement sous-utilisé.
Plusieurs défis convergents fragilisent sa cohérence :
• multiplication des réglementations nationales divergentes,
• lenteur de l’adoption technologique dans certains États membres,
• pénuries de compétences dans des secteurs clés,
• diminution du capital-risque disponible,
• charges administratives lourdes, en particulier pour les PME.
Ces obstacles créent un environnement moins prévisible et augmentent les coûts opérationnels des entreprises, rendant difficile le déploiement transfrontalier de nouveaux projets ou innovations. À terme, cela menace l’attractivité de l’Europe face aux économies plus intégrées et plus rapides dans leur processus de décision.
Les entreprises présentes lors de la session ont souligné un paradoxe : alors que le marché unique devrait faciliter la croissance et l’innovation, il devient parfois
un terrain complexe où la fragmentation freine l’ambition.
Alléger la charge réglementaire : une priorité pour redynamiser la compétitivité
L’un des thèmes centraux de cette 7e édition a été la nécessité de réduire de manière ciblée le fardeau réglementaire qui pèse sur les entreprises.
Si l’Union européenne s’est dotée, ces dernières années, de cadres législatifs ambitieux pour répondre aux défis environnementaux, numériques et géopolitiques, nombre d’entreprises soulignent que :
• les règles sont parfois trop complexes,
• leur application varie fortement d’un État membre à l’autre,
• les délais d’exécution sont longs,
• la surcharge administrative devient un frein à l’innovation.
Les PME, qui constituent plus de 90 % du tissu entrepreneurial européen, sont particulièrement impactées. Elles font face à des coûts plus élevés pour se conformer à des réglementations fragmentées, ce qui réduit leur capacité à investir, à innover ou à franchir les frontières.
Le renforcement d’un environnement réglementaire agile, sans renoncer à l’ambition des politiques européennes, apparaît comme un équilibre essentiel à retrouver pour relancer la compétitivité.
Application des règles : des mécanismes encore trop faibles
La question de l’application effective du droit européen a fait l’objet d’une attention particulière. Les participants ont souligné que même les meilleures réglementations perdent leur impact lorsque leur mise en œuvre :
• est lente,
• manque de moyens,
• ou diffère fortement d’un État membre à l’autre.
Cette incohérence crée des distorsions de concurrence et une insécurité juridique. Les entreprises réclament donc un renforcement des mécanismes de contrôle et de sanction, essentiels pour garantir des conditions de concurrence équitables, notamment dans le commerce transfrontalier.
La possibilité de renforcer le rôle de la Commission européenne dans la surveillance du marché unique a été évoquée, ainsi que la création d’outils plus rapides pour remédier aux violations. L’enjeu : préserver la confiance des entreprises dans le système et assurer la stabilité de l’espace économique européen.
Renforcer la libre circulation des travailleurs : la clé pour répondre aux pénuries de compétences
La mobilité professionnelle au sein de l’UE demeure entravée par des systèmes nationaux de reconnaissance des qualifications complexes et hétérogènes.
Cette situation contribue aux pénuries de main-d’œuvre dans de nombreux secteurs, en particulier pour les PME qui peinent à recruter à l’étranger.
L’idée d’étendre la reconnaissance automatique des qualifications professionnelles à davantage de métiers a été largement soutenue lors de la session, à condition de respecter les spécificités nationales et la qualité des formations. Une approche sectorielle, pragmatique et pilotée avec l’appui des Chambres de commerce, pourrait devenir une solution efficace pour reverdir et accélérer la mobilité des compétences au sein de l’Union.
Accélérer l’intégration de l’intelligence artificielle : une urgence stratégique
L’adoption de l’intelligence artificielle en Europe reste marquée par un retard important, notamment parmi les PME : seules 11,2 % d’entre elles utilisent aujourd’hui au moins une technologie d’IA.
Ce retard menace la productivité et l’innovation européennes, tandis que les concurrents internationaux renforcent leurs investissements dans ces domaines.
Les entreprises pointent plusieurs freins :
• manque de compétences numériques,
• coûts trop élevés des solutions,
• incertitude quant au retour sur investissement,
• cadre réglementaire perçu comme complexe.
Les initiatives récentes de la Commission européenne, dont Apply AI et le Cloud & AI Development Act, visent à réduire ces obstacles. Elles ambitionnent de stimuler l’adoption de l’IA dans les chaînes de production, les services publics, les infrastructures et au sein des PME.
Sécurisation du marché européen : lutter contre les produits dangereux et contrefaits
Les entreprises ont également été invitées à se prononcer sur le renforcement des mécanismes visant à protéger les consommateurs contre l’entrée de produits dangereux ou contrefaits. Si la nécessité d’une surveillance plus rigoureuse fait consensus, le débat porte sur la manière d’y parvenir : faut-il renforcer les agences nationales, ou créer une autorité européenne dédiée à la surveillance du marché ?
Une chose est certaine : protéger le marché intérieur contre les produits non conformes est essentiel pour garantir la confiance du consommateur, maintenir des conditions de concurrence équitables et préserver la réputation des marques européennes.
Conclusion : un marché unique à moderniser pour relancer la dynamique européenne
Cette 7e édition du Parlement européen des entreprises a mis en évidence une certitude : le marché unique reste le meilleur atout économique de l’Union européenne, mais il doit impérativement être modernisé pour répondre aux défis actuels.
Les priorités identifiées par les entreprises sont claires :
• réduire la fragmentation réglementaire,
• renforcer l’application uniforme des règles,
• faciliter la mobilité des compétences,
• accélérer la transformation numérique et l’adoption de l’IA,
• mieux protéger le marché contre les produits non conformes,
• exploiter plus stratégiquement le budget de l’UE pour soutenir les entreprises, notamment dans leur expansion transfrontalière,
• préparer les pays candidats à une intégration progressive au marché unique.
À travers ces orientations, les entrepreneurs européens appellent à un marché plus fluide, plus cohérent et plus compétitif. Un marché capable de soutenir l’investissement, d’encourager la croissance et de maintenir l’Europe dans la course économique mondiale.


