Momentum, la soirée de gala namuroise d’AKT – CCI LVN s’est déroulée dans un lieu hors du commun, en l’occurrence dans le cadre magnifique de l’abbaye de Maredsous.
A cette occasion, une table ronde a rassemblé plusieurs figures clés de la candidature de Namur au titre de Capitale européenne de la culture 2030 : Laura Latour (commissaire et directrice de Namur 2030), Bertrand Guelette (représentant des entreprises), Annick Castiaux (rectrice de l’UNamur et présidente de Namur 2030) et Charlotte Bazelaire (bourgmestre ff de Namur).
Malgré la décision du jury européen de privilégier Louvain, tous se sont accordés pour souligner l’ampleur du chemin parcouru et les acquis déjà engrangés.
Comprendre la décision du jury
Pour Annick Castiaux, le retard dans le lancement de la candidature a pesé dans la décision : « Louvain préparait son dossier depuis sept ans, nous avons eu 18 mois. » Charlotte Bazelaire a relativisé avec humour : « C’est un peu l’esprit namurois, arriver tard mais bien. » Et d’ajouter : « quand on voit la qualité de ce qu’on a pu apporter en aussi peu de temps, j’aurais choisi Namur si j’avais été dans le jury ! ».
Bertrand Guelette a regretté de son côté que le jury ait choisi « l’option la plus rassurante », comparant la décision à celle de choisir « SAP, le leader mondial », alors que Namur représentait l’audace. Laura Latour s’est réjouie que l’Europe ait salué le très haut niveau des candidatures, rarement atteint.
Tous attendent avec impatience la fin du mois pour découvrir le rapport du jury.
Une dynamique collective inédite
Tous les intervenants ont insisté sur la mobilisation exceptionnelle générée par Namur 2030. Laura Latour a souligné la fierté ressentie en voyant « enfants, seniors, entreprises, monde culturel et économie sociale travailler ensemble ». Pour Annick Castiaux, le projet a révélé la diversité culturelle de Namur – plus de 100 langues y sont parlées – et la nécessité d’inclure ces communautés encore trop éloignées de l’offre culturelle.
Bertrand Guelette a insisté sur le rapprochement inédit entre monde économique et monde culturel. À travers diverses initiatives, 450 entreprises ont exprimé un intérêt pour la candidature, dont une cinquantaine présentes lors de la visite du jury à Namur. « Il y a un souffle qu’il ne faut pas laisser retomber » a-t-il insisté.
Le rôle du monde académique et du territoire
Le pôle académique namurois, qui réunit 14 institutions, a joué un rôle central. Pour Annick Castiaux, il s’agissait d’« offrir aux étudiants une expérience culturelle indispensable à leur formation citoyenne ». Un projet de pass culturel est d’ailleurs en préparation.
Au-delà de la ville, c’est tout un territoire qui s’est senti porté par Namur 2030. « 35 communes sur 38 étaient par exemple représentées lors de la visite du jury, soit un fait inédit » a rappelé Charlotte Bazelaire. Loin de se sentir écrasées par Namur, les communes ont trouvé une opportunité de rayonnement collectif.
Par ailleurs, la table ronde a mis en perspective Namur 2030 avec d’autres grands projets structurants, comme la candidature de l’Euregio Meuse-Rhin à l’accueil du télescope Einstein. Pour David Eloy (AKT – CCI LVN), ces initiatives sont essentielles pour transformer durablement un territoire : « Elles mobilisent l’ensemble des acteurs et projettent une région dans une autre dimension. »
Notoriété et visibilité renforcées
Pour Laura Latour, un des acquis les plus tangibles est la notoriété accrue de Namur, y compris à l’international : « On a senti que la Wallonie pouvait et devait exister, à côté de Bruxelles. » La candidature a bénéficié de soutiens européens et permis d’intégrer des réseaux de villes créatives, ouvrant la voie à de futures collaborations. Les Namurois ont aussi déjà été contactés par les Louvanistes, qui ont décroché le titre, en vue d’une prochaine rencontre.
« Les retours se font sentir et, je l’espère, vont se faire sentir sur tous les secteurs, pas que culturels. »
Bertrand Guelette retient aussi « un changement dans le regard des Namurois sur eux-mêmes », évoquant l’élan collectif qui s’est manifesté dans les dernières semaines de la candidature.
Et maintenant ?
La structure Namur 2030, mise en place pour la candidature, est a priori appelée à s’arrêter à la fin de l’année. La question du financement demeure : 75 millions d’euros auraient été disponibles en cas de victoire (90 % public, 10 % privé). Pour Charlotte Bazelaire, « il faudra refédérer autour d’un projet ambitieux malgré les contraintes financières ».
Tous sont unanimes : si Namur n’a pas décroché le titre, elle a gagné un capital collectif précieux. Le projet a rapproché secteurs et acteurs qui ne se côtoyaient pas, renforcé la visibilité du territoire et ouvert des perspectives nouvelles. « Rien qu’en croyant en quelque chose, on a bougé les lignes » a résumé Charlotte Bazelaire. Un héritage qui dépasse la candidature et trace déjà les contours d’un futur commun.