Wallonie

Industrie : et si on atteignait nos objectifs ?

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Atteindre 20 % du PIB industriel en Wallonie stimulerait à la fois la croissance et l’emploi.

Aujourd’hui, l’industrie manufacturière occupe une place non négligeable dans l’économie wallonne, nous l’avons vu dans ce dossier. Elle représentait 13 % du PIB [1] en 2023, ce qui reste largement insuffisant au regard de l’objectif affiché de 20 %. Mais que se passerait-il si on atteignait ce dernier en l’espace de 5 ans ? Cet exercice, certes parfaitement théorique, est très révélateur.

Premier effet : une inversion radicale de la dynamique d’emploi

Pour estimer le potentiel de création d’emploi, nous avons structuré un modèle d’évolution théorique de l’activité industrielle en Wallonie. Pour construire cette projection, nous avons utilisé les prévisions de croissance de la valeur ajoutée et du PIB estimées par le Bureau Fédéral du Plan. Nous avons ensuite posé plusieurs hypothèses :

• L’horizon temporel est fixé à 5 ans, l’exercice ayant une vocation illustrative du raisonnement.

• La part de la valeur ajoutée industrielle dans le PIB croît de manière linéaire à partir du niveau observé en 2023 (dernière donnée empirique disponible) pour atteindre 20 % en 2030.

• L’augmentation de la part de la valeur ajoutée industrielle dans le PIB provient de deux facteurs à parts égales : les gains de productivité d’un côté, et la hausse de l’emploi industriel de l’autre. Nous avons supposé que 50 % de la hausse de la valeur ajoutée industrielle provenait de gains de productivité. En d’autres termes, le modèle fait l’hypothèse que la création de valeur provient, pour la période simulée, à part égale entre les nouveaux emplois créés et l’amélioration de l’efficacité de tous les emplois industriels.

• La croissance de la part de la valeur ajoutée industrielle dans le PIB engendre des effets positifs (dits « spillovers ») sur les autres secteurs. Nous avons donc ajusté les prévisions de croissance du Bureau Fédéral du Plan à la hausse au fur et à mesure que la dynamique d’industrialisation progresse. Nous avons paramétré le gain de productivité, induit par l’activité industrielle, sur l’économie marchande non industrielle à 0,5 % et sur l’économie non marchande à 0,2 %.

Ainsi, sur base de ces hypothèses, et avec un objectif de 20 % du PIB wallon généré par de la valeur ajoutée industrielle manufacturière d’ici 2030, le nombre d’emplois industriels créés directement serait d’environ 45 000, soit une augmentation annuelle de 7 600 unités chaque année entre 2024 et 2030. Sur base des hypothèses d’effet induit positifs sur les autres secteurs, on peut y ajouter 11 000 emplois marchands non industriels et non marchands. Soit un total de création d’emploi de 56 000 à l’échelle de la région.

Au niveau du PIB, et selon les mêmes hypothèses, on verrait le PIB wallon croître de plus de 4 % chaque année jusqu’en 2030, soit une accélération majeure de la dynamique économique générale de la région.

Un exercice bien théorique… vraiment ?

Cette petite simulation reste bien entendu théorique. Les hypothèses sont fortes, de nombreux paramètres manquent, la temporalité est extrêmement courte pour une telle ambition, et les chocs externes ne sont pas intégrés. Certes.

Mais l’exercice reste riche d’enseignements. Une dynamique industrielle forte serait porteuse de changements majeurs dans la dynamique économique générale de la Wallonie. Au-delà de créations massives d’emplois nouveaux et très productifs, les autres secteurs bénéficieraient indirectement de cette évolution. Par ailleurs, la création de richesses serait majeure, équilibrant radicalement les comptes macro-économiques et les comptes publics de la Région.

Au final donc, convenons que cette trajectoire est non seulement nécessaire, mais se doit d’être possible.

[1] Contrairement à l’article précédent, la part de l’industrie manufacturière est ici calculée par rapport au PIB réel, et non plus par rapport à la valeur ajoutée réelle totale. Le PIB correspond à la valeur ajoutée totale, à laquelle on ajoute les impôts et on déduit les subventions. Cet indicateur présente l’avantage d’être mieux connu par le public.

par Jean-Christophe Delahu (AKT for Wallonia)

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Directrice de la Communication (AKT for Wallonia)
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