Benoit Moons, Directeur de la CCI Hainaut – devenue AKT CCI Hainaut – depuis 29 ans, a pris la décision de mettre un terme à sa carrière. Avant de quitter ses fonctions en janvier 2026, il nous a accordé cette dernière interview.
Propos recueillis par Tatiana Hamaide.
Quelles ont été, selon toi, les étapes les plus marquantes de ta carrière (29 ans) en tant que Directeur d’AKT CCI Hainaut?
La première étape marquante a été le rapprochement des 3 Chambres, celles de Charleroi, du Centre et de Mons-Borinage, qui sont devenues ensemble CCI Hainaut, dans le cadre de l’accréditation (qui, dans ses critères, exigeait une certaine masse critique).
L’autre étape que je juge vraiment très importante, c’est d’être devenu propriétaire de nos bâtiments à Mons (en 2019) et à Charleroi (en 2007).
La troisième grande étape, c’est l’Alliance qu’on a réalisée avec AKT for Wallonia (ex-UWE), toujours en cours, mais dont les premiers effets commencent à sortir.
De quoi es-tu le plus fier, en quittant tes fonctions ?
Je suis fier d’avoir gagné la confiance de l’équipe, une équipe très solidaire et qui joue collectivement. Malgré certaines difficultés rencontrées dans le passé, il y a toujours eu cette lame de fond présente, qui fait qu’on a continué à avancer ensemble. Pourquoi ? Parce que tout le monde est responsable de ce qu’il fait et est autonome, et sait qu’il peut compter sur les autres pour obtenir de l’aide. Ce sentiment d’être ensemble et d’avancer ensemble fait qu’on a une personne en plus, un fantôme qui n’existe pas. Je suis fier d’avoir pu instiller cette force que nous avons. Si les gens restent – et le turnover est faible dans l’équipe – c’est qu’il y a une volonté collective d’aller vers un projet, en dépit des questionnements inévitables.
Je suis fier aussi d’avoir pu renforcer notre visibilité institutionnelle, qui dans certains domaines est devenue incontournable, grâce au fait que j’ai pu m’entourer, dans mon CA, d’administrateurs qui se sont investis dans toute une série de représentations institutionnelles. Des administrateurs qui servent la Chambre et qui ne se servent pas de la Chambre. Un réel bonheur !
Quels sont les meilleurs souvenirs avec lesquels tu partiras ?
Je ne suis pas très mondain et pourtant je suis obligé d’être un peu partout. Ainsi, j’ai rencontré beaucoup de personnes qui valaient la peine d’être rencontrées, tous azimuts. Des personnes qui m’ont apporté et à qui, je pense, j’ai pu apporter quelque chose. C’est la nature de la personne qui m’a toujours importé, plus que le titre et la fonction. Ce n’est pas le titre qui honore l’homme, c’est la façon dont cette personne honore le titre qui est important.
A titre personnel, je garderai aussi d’excellents souvenirs de nos moments festifs en équipe comme, par exemple, la fête de Saint Nicolas ou le repas de fin d’année. Il y a quelque chose de magique, on sent une joie d’être ensemble.
Quels sont, selon toi, les grands défis auxquels notre CCI devra faire face dans les prochaines années ?
Le grand défi, c’est de ne pas oublier que nous sommes partie prenante d’un réseau mondial, que nous avons une spécificité et que l’Alliance avec AKT est un moment dans cette chaîne. Ce moment, on le réussit dans le respect mutuel afin de nous renforcer dans la complémentarité. Pour continuer à garder une indépendance locale puisque nous sommes sur le terrain, on doit réussir cette alliance régionale et c’est faisable.
L’autre enjeu, ce sont nos métiers de base. Est-ce que certains de nos métiers historiques – tels que les formalités à l’export – vont être impactés par l’intelligence artificielle et quand ? La situation géopolitique qu’on traverse maintenant, qui génère une incertitude généralisée, est également un enjeu. Jusqu’ici, on a toujours réinventé en permanence nos métiers. Et donc la géopolitique et l’IA vont nous forcer à continuer à être inventifs et créatifs. L’enjeu est de nous réinventer de nouveaux services et produits où on est l’intermédiaire, cette tierce partie de confiance qui fait notre originalité, notre ADN. Si on n’existait pas, on nous inventerait sur cette notion de « tierce partie de confiance ».
Quel serait le dernier message que tu aimerais adresser à nos membres ?
Il faut donner pour recevoir. Personnellement, j’ai beaucoup donné, mais j’ai beaucoup reçu aussi. Quand on intègre cette notion-là, elle fonctionne tout le temps. Si tu donnes, tu reçois. Oui, ne restez pas refermés sur vous-même, allez vers les autres.
N’hésitez pas à vous investir au sein de la Chambre, dans la défense de la démocratie socio-économique. Nous avons la chance de vivre dans un régime démocratique. Ne laissons jamais filer ça. Une entreprise est au coeur de la démocratie. Le succès de l’économie fait laussi a réussite en partie de la démocratie.
Comment envisages-tu ton futur ? Des projets en vue ?
J’ai énormément de projets dans tous les sens. J’ai des impératifs de nature personnelle et familiale. Au-delà de ça, je veux continuer à pouvoir me lever de bonne humeur et pour ça je dois retrouver une certaine forme de légèreté. Retrouver une certaine légèreté pourrait prendre chez moi diverses formes : jardinage, bricolage, littérature, écriture, voyages…
L’Aventure est coin de la rue, il suffit d’avoir cette légèreté et cette curiosité pour la découvrir.